Littérature

My Absolute Darling – Gabriel Tallent

Il y a les livres qui vous font passer un bon moment, qui vous font rire, pleurer, ou tout simplement beaucoup de bien. Et puis il y a les autres. Ceux qui sont comme un coup de poing dans le ventre (même si on sait pas ce que ça fait en vrai, on imagine que ça fait mal, et ça suffit).

My Absolute Darling, paru aux Éditions Gallmeister est de ceux-là.

unnamedComment parler de ce livre hors norme sans en dire trop si vous ne l’avez pas encore découvert ? Comment parler de ce livre de la bonne manière, alors qu’au terme de la lecture, on ne sait même pas ce qu’on ressent ?

J’ai englouti ce récit en quelques jours, comme hypnotisée par la (sur)vie de Turtle Alveston. Dès que je refermais le bouquin, je n’avais qu’une envie, c’était de le rouvrir. Et c’est là le Tallent de ce cher Gabriel (:D).

C’est très compliqué d’expliquer ce que j’ai pu ressentir pendant ma lecture, parce que je suis passée par plusieurs état. J’ai été fascinée par cette gamine de 14 ans qui a déjà vécu mille vies et surtout mille tourments. J’ai été terrorisée et dégoûtée par Martin, ce « père » (mais peut-on décemment employer ce mot ?) qui maintient une emprise tellement forte sur sa progéniture. On veut connaître toute l’histoire, et pourtant on a envie que ça s’arrête, on se sent coupable de continuer à lire tant parfois c’est éprouvant et malsain d’être témoin de tout ça. Pourtant on continue. Parce qu’on croit en Turtle, même si elle ne croit en rien, et surtout pas en elle-même.

On se demande comment elle a pu arriver jusque là. On se demande pourquoi lui-même est encore là. Comment il a pu un jour être là. On se demande comment une relation pareille peut exister.
Le récit est fascinant, on est à la fois spectateur de tout ce qui se passe, et à la fois, avec Turtle, dans sa tête. On est subjugué par la force de cette gamine qui ne peut pas se permettre d’être faible. Parce que de toute façon, être forte, c’est tout ce qu’elle connaît.

Et puis, un jour, elle connaît autre chose. Parce qu’un jour, il y a Jacob et Brett. Et Cayenne. Et Anna.

Je pensais avoir pris des claques avec David Vann. Je pensais avoir plus ou moins lu ce que la nature humaine avait de plus gerbant. C’était sans compter sur Gabriel Tallent et sa façon de retranscrire ça, à sa manière. Et la claque on la prend, à nouveau, et comme il faut.

L’auteur nous pousse dans nos retranchements et nous montre que même quand tout a l’air limpide, et que la solution est simple, ben finalement pas tant que ça.

Le personnage de Martin est terrifiant. On ressent, à travers l’écriture de l’auteur, que c’est un être charismatique. On ressent la puissance de l’attraction qu’il a sur sa fille.
Turtle est déstabilisante. On essaie d’imaginer l’enfance qu’elle a pu avoir, même si tout n’est que suggéré. On essaie de comprendre comment elle a grandi, même si elle est encore une enfant. Ce qui est troublant c’est qu’on a l’impression d’être face à une adulte qui pourrait prendre ses décisions en connaissance de cause. On se prend à se demander ce qu’il l’empêche d’agir. On se surprend même à lui en vouloir, à être en colère contre elle, contre son comportement. Et puis, on se rappelle qu’elle a 14 ans. On se rappelle de sa vie. Et là, on a honte. Ce que Gabriel Tallent déclenche par son écriture est dingue. Je ne sais même pas comment le retranscrire sans que ce soit un énorme bordel.

J’ai accompagné Turtle (parce qu’elle ne veut pas qu’on l’appelle Julia de toute façon). Elle m’a émue, choquée, perturbée, par sa force, sa naïveté, sa persévérance, son insolence et sa bonté.

Je viens de quitter Turtle, je l’ai laissée là-bas. Mais je pense que ça ira.

Et si le cœur vous en dit, faites un crochet par son histoire. Mais préparez-vous à en ressortir bouleversé(e)s.

En tout cas bonne lecture !
Le Joli

 

 

 

21 réflexions au sujet de “My Absolute Darling – Gabriel Tallent”

    1. C’est vraiment mon coup de cœur de ce « début » d’année (mais d’autres vont sûrement arriver ahaha). Vraiment, je te le conseiller mille fois, c’est un récit dur et puissant. J’ai hâte d’avoir ton avis !

      (Et pour les jeux de mots.. bon j’ai pas été super fière sur le coup ahahah)

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    1. Je peux comprendre ta réticence, disons qu’elle est fondée (en tout cas après avec lu le livre, je pense qu’elle peut totalement l’être).
      Effectivement la lecture est rude, mais la personnalité de Turtle est tellement hors norme qu’on s’y attache très vite. On a envie de lui tendre la main et de la tirer très fort vers la lumière.

      C’est un truc beau livre.. mais il faut l’ouvrir en public « averti » je pense 🙂

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  1. C’est vraiment un livre que j’ai envie de lire… J’ai lu ta chronique en la survolant pour ne pas trop m’influencer, mais ce que j’en ai lu m’a encore convaincue davantage qu’il s’agit là d’un livre à ne pas laisser passer, même s’il va bien me secouer.

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