Cinéma

Pour ne pas oublier « Still Alice »

Il y a quelques jours – et avec quelques années de retard – j’ai enfin découvert Still Alice. J’avoue que je retardais un peu l’échéance.

Dans ce film, Alice (Julianne Moore), professeur de linguistique renommée à l’Université de Columbia, apprends qu’elle développe un Alzheimer précoce, à cinquante ans à peine passés. Ça a commencé avec des petites pertes de mémoire, d’abord discrètes, puis de plus en plus répétitives.

J’imagine que dans notre société actuelle, et depuis pas mal d’années maintenant, nous sommes assez peu nombreux à pouvoir dire que nous ne connaissons personne dans notre entourage proche qui ai été atteint de la maladie d’Alzheimer (ou d’un de ses dérivés).
J’imagine que nous sommes donc un certain nombre à pouvoir témoigner.
Témoigner de la douleur de voir un être cher perdre petit à petit tous les traits de personnalité qui faisait qu’il était si spécial à nos yeux.
Témoigner de la tristesse de voir s’évanouir des souvenirs de moments partagés au fil des années et de se faire un devoir d’être le gardien ou la gardienne de ses instants précieux qui n’existeront désormais plus que dans notre mémoire, jusqu’à ce que celle-ci défaille à son tour.
Témoigner de cette maladie qui efface méticuleusement tout. Dans les moindres recoins. Jusqu’à ce qu’en face de nous, on n’ait plus qu’une ombre.

Mais peut-on témoigner de ce que c’est que d’être la personne qui vit tout ça de l’intérieur ?
Still Alice tente de le faire, et pour moi, c’est réussi.

still-aliceJulianne Moore – qui a obtenu une pluie de récompenses dont l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle – est troublante de justesse.

On assiste à la lente et perverse avancée de la maladie chez cette femme cueillie injustement tôt par ce mal contre lequel elle va se battre autant que possible. On l’accompagne à ses rendez-vous chez son neurologue, d’abord secrets jusqu’au diagnostique final qui l’obligera à tout révéler à sa famille. On l’observe trouver des stratagèmes pour déjouer la maladie, entre mémo sur son portable et jeux de mémoire avec sa fille. On se prend à se dire, comme elle, que cela suffira à l’emporter contre Alzheimer. Mais, pas de spoiler, on sait tous qu’Alzheimer gagne toujours.

J’ai trouvé l’interprétation de Julianne Moore bluffante de réalisme, toute en retenue et à la fois très authentique. Elle EST cette femme brillante, qui a fait de son cerveau son outil de travail pendant des années, et qui se retrouve, de jour en jour, dépossédée de tout ce qu’elle a construit tout au long de sa vie.

Alec Baldwin, Kristen Stewart et Kate Bosworth, qui campent le mari et les filles d’Alice ne sont pas en reste en terme de qualité de jeu.
Lui est touchant en compagnon qui refuse tout d’abord de croire l’inéluctable, jusqu’à ce que l’avancée de la maladie ne le mette face à la perte de « celle qui est » mais qui devient de plus en plus « celle qui fut ».
Elles sont discrètes et aimantes avec cette mère qui les a toujours guidées et soutenues (ou presque !) et à qui elles vont devoir rendre la pareille, beaucoup plus tôt que prévu.

Still Alice est un très beau film, sans prétention, délicat et bien loin, à mon sens, du pathos et du voyeurisme inutile qu’on aurait pu redouter vu le thème.

Bref, une belle découverte !

Le Joli

Still Alice – Richard Glatzer & Wash Westmoreland – 2015

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19 réflexions au sujet de “Pour ne pas oublier « Still Alice »”

  1. Still Alice est un film formidable. Tant pour sa manière de raconter, avec justesse et pudeur, les effets de cette maladie, que la relation entre les personnages de Julianne Moore et Kristen Stewart. Vraiment très touchant !

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  2. Je n’y mettrais pas autant de superlatifs que toi ou les commentaires, mais c’est effectivement un beau film. Je l’ai aussi découvert il n’y a pas longtemps (merci Netflix !) et j’ai passé un bon moment. Par contre, parmi les enfants, seule Kristen Stewart m’a touchée (surprise !) et j’ai beaucoup aimé sa relation avec sa mère.

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    1. Oui j’avais lu un article dans lequel tu évoquais tes découvertes filmiques (en mai je crois ?), et tu disais que tu n’avais pas été transcendée par le film.
      Perso je ne pense pas être objective vis à vis du sujet, donc ça explique aussi peut-être nos différents de ressentis (ou ça peut aussi ne pas l’expliquer, vu qu’on peut pas forcément tous être transportés par les mêmes choses^^). Par contre je suis totalement d’accord avec toi, Kristen Stewart est très touchante (ça change !)

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      1. Je l’ai bien aimé, mais il n’a pas changé ma vie.
        J’avoue que je ne sais pas dans quelle mesure mon expérience personnelle a joué dans ma réception du film. Pour l’avoir plus ou moins vécu avec ma grand-même (plus ou moins car j’étais jeune au début et on n’habitait pas tout près, donc les premiers stades ont dû me passer sous le nez), je retrouve des choses évidemment, mais il y a aussi un côté… je ne sais pas, propre, lissé… et puis, je ne sais pas, le drame semble plus tenir du fait que c’est une amoureuse et spécialiste des mots qui perd justement ces mots qu’elle aimait tant.

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        1. Hmm je sais pas, effectivement le drame réside en partie là dedans, c’est sûr. Mais c’est plus profond que ça je trouve. Enfin en tout cas je n’ai justement pas vu de lissage, mais plutôt de la justesse.
          Ce que j’ai trouvé très bien retranscrit c’est que la maladie s’installe tranquillement mais que tout va très vite finalement. C’est très réaliste je trouve !

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          1. Je ne sais pas, franchement, pourquoi ça n’a pas pris avec moi… Peut-être aussi le fait que je voyais trop les actrices et pas des « vraies gens ». Oui, c’est vrai que c’est réaliste… Mouais. J’en sais rien au final. ^^ (Mis à part le fait que ça ne m’a pas emballée plus que ça.)

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                    1. Comme je te comprends ! Ca fait 3 jours que je planche sur un article mais j’ai l’impression d’être bonne à rien tellement je n’arrive pas à construire des phrases dignes de ce nom.

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                    2. De mon côté, je repousse sans cesse les chroniques de livres (la semaine prochaine, je m’y mets !) et j’ai tellement la flemme d’écrire celles de films que mon prochain bilan ciné (qui couvre pourtant deux mois) va être tout à fait minable. En même temps, quand ce n’est pas la chaleur qui m’abrutit, c’est la chienne qui vient me regarder avec des yeux misérables et pousser des soupirs à fendre l’âme, ce qui nuit à ma concentration. Et le plus souvent, j’ai les deux en même temps !^^

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                    3. Les chiens sont très doués à ce jeu, ce sont des êtres fourbes (mais beaucoup trop mignons pour qu’on leur en veuille).
                      En tout cas, j’ai bien hâte de découvrir ce fameux bilan ciné !

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