Littérature

Underground Railroad

Il y a quelques jours, j’ai terminé ma lecture de Underground Railroad de Colson Whitehead. Pour ceux qui suivent le blog depuis sa jeune création, vous savez que je préfère parler des livres qui m’ont plu, secouée ou interpellée (voire tout en même temps !). Pour ce qui est des ouvrages qui ne m’ont pas plus marquée que cela, je laisse d’autres en parler à ma place, et découvrir ce qui leur a plu dans ces lignes que je n’ai pas pu ou su déceler.

unnamed.jpgVous l’aurez donc compris, j’ai (beaucoup) aimé Underground Railroad. Pourtant, j’aurai très bien pu passer à côté, pour une raison toute simple… le livre a reçu le Prix Pulitzer. Quel rapport me direz-vous ? J’ai toujours eu peur de me lancer dans la lecture de bouquins primés, en pensant ne pas être à la hauteur de pareilles lectures (Tiens tiens, on se rapprocherait pas un peu d’un thème abordé il y a peu ?).

Mais petit à petit, j’ose 🙂

Au revoir là-haut aura donc été mon premier Goncourt, et Underground Railroad, mon premier Pulitzer ! Dans les deux cas, la lecture aura été facile d’accès et l’histoire de chacun des personnages très forte en émotions et en épreuves. Bref des livres à mon sens parfaits, qui ouvrent l’esprit et le cœur, qui nous font passer par une large palette de ressentis, de la tristesse à l’espoir, en passant par la peur et la colère.

À travers Underground Railroad, j’ai découvert un pan de l’histoire afro-américaine que je ne connaissais pas à savoir l’existence d’un train clandestin (d’où le titre) qui a permis à des milliers d’esclaves de s’enfuir de leur plantation et d’aller trouver la liberté dans les États abolitionnistes.

En résumé, le chemin de fer était un réseau de routes clandestines utilisé par les esclaves noirs américains pour se réfugier au Nord des Etats-Unis, avec l’aide des abolitionnistes Noirs ou Blancs, des personnes libres ou même des esclaves. Pendant 20 ans, plus de 30 000 personnes sont supposées s’être échappées grâce au réseau, bien que les chiffres ne fassent état que de 6 000.

Voilà pour le petit cours d’Histoire en accéléré (merci Wikipédia), mais il y a plein d’autres choses à apprendre sur ce train clandestin (dont un ouvrage qui reprend les parcours de plusieurs fugitifs).

Revenons au livre de Colson Whitehead, et laissez-moi vous présenter Cora.

Cora a seize ans, et elle est esclave en Géorgie, dans la plantation Randall. Sa grand-mère, Ajarry était arrivée par bateau depuis l’Afrique bien des années plus tôt. Elle eut une fille, Mabel, la mère de Cora. Ajarry est morte dans la plantation, au beau milieu des fleurs de coton, qui auront fini par avoir sa peau. Mabel n’a pas voulu attendre d’en arriver là, et s’est enfuie, laissant derrière elle la plantation, les coups de fouets, la faim, et sa fille.
Depuis que sa mère est partie, Cora survit tant bien que mal. Un beau jour, Caesar, un jeune esclave arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir. Après avoir refusé, Cora accepte et tente avec lui de rejoindre les États libres du Nord…via le fameux train clandestin.

Vous vous en doutez, la fuite ne sera pas des plus calmes et Cora, bien décidée à conquérir sa liberté, devra faire face à bien des épreuves et sera poursuivie sans relâche par un impitoyable chasseur d’esclaves. Prêt à tout pour la retrouver elle, à défaut d’avoir pu retrouver Mabel, sa maman.

Ce livre est vraiment captivant et effrayant de réalisme. Cora n’a que seize ans, pourtant elle a déjà affronté au cours de sa courte existence, bien plus que beaucoup en une seule vie. Je termine ce livre avec le même ressenti que pour celui de Jodi Picoult il y a quelques temps : je ne me sens pas légitime à parler réellement, parce que je ne pense pas saisir ne serait-ce que 10% de ce que ça a dû être de subir ce genre de vie, ni ce que ça peut être d’être Noir dans l’Amérique d’aujourd’hui

Ce type d’ouvrages, comme certains films tel que Twelve years a slave il y’a quelques années, je les dévore, je les digère tant bien que mal même si tellement d’actes qui y sont décris sont à gerber, et je fais tout pour retenir le plus de détails possibles. Ces livres, ces films, sont porteurs de mémoire et de conscience. Si je ne peux porter une mémoire qui n’est pas la mienne à proprement parler, il n’en reste pas moins que mon devoir, à mon sens, est de prendre conscience de l’Histoire telle qu’elle a été, dans toute sa splendeur mais aussi, et surtout, dans toute son horreur, à travers des périodes comme celle de l’esclavage.

Comprendre, apprendre, pour ne pas reproduire. Cela reste pour moi le plus gros challenge de notre société actuelle. Des lectures comme Underground Railroad sont des outils indispensables qui contribueront à coup sûr, en tout cas je l’espère, à relever le défi haut la main !

Bonne lecture !
Le Joli

 

 

21 réflexions au sujet de “Underground Railroad”

    1. Je suis contente de savoir que j’ai pu confirmer une envie de lecture 🙂 ! Franchement c’est un très beau livre, j’espère qu’il te plaira ! Je serai ravie d’avoir ton avis 🙂

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  1. C’est vrai que c’est toujours un peu difficile de parler de ces histoires qui sont si loin de notre vécu (du mien en tout cas), mais ce sont néanmoins des lectures passionnantes et enrichissantes, même si elles sont parfois terribles, avec des événements à vomir…

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    1. J’ai toujours ce soucis après ce genre de lectures. Dans le sens où ça m’a passionné, et j’ai envie d’en parler à tout le monde autour de moi forcément. Mais en même temps, je ne veux pas « mal » en parler et du coup c’est toujours compliqué de mettre en forme ce qu’on ressent, dire qu’on est touché, sans pour autant paraître piétiner (dans le vouloir) un héritage et une histoire qui ne seront jamais directement les nôtres. Parce que clairement, en tant que jeune femme française et blanche, j’ai plus de chance d’avoir des ancêtres du côté des bourreaux que des victimes de ce pan-là de notre Histoire commune.
      (Je sais pas si je m’exprime bien mais bon^^)

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      1. Évidemment, mais ce n’est pas pour autant que tu dois te sentir toi personnellement coupable. Et tu ne vas pas en parler comme si c’était ton histoire. Tu parles de la façon dont ça t’a touchée, dont ça t’a parlé, dont ça t’a enrichie, mais tu as le droit d’en parler. On a le droit d’être touchée, bouleversée par les histoires de l’esclavage, de la shoah, de l’extermination des Indiens, des injustices subies par les Rohingyas, etc. C’est l’un des aspects de la littérature : découverte, voyages, apprentissage… Je pense que c’est très clair que ce n’est pas ton histoire et que tu n’en parles pas comme telle.

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        1. C’est pas tant la question de se sentir coupable en fait, parce que ça n’est pas à moi de l’être. L’idée c’est plutôt de trouver des mots justes et sans prétention face à la gravité de ces actes-là.
          Et si tu penses que j’ai globalement réussi à le faire alors tant mieux, ma mission est réussie 🙂

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