Littérature

Instants BD

Ça commençait à faire un moment que je voulais reparler d’une BD (après Axolot il y a quelques temps maintenant), et finalement, puisque quand on aime on ne compte pas, j’ai envie de parler de trois découvertes que j’ai fait récemment 🙂

Pour commencer, voici une petite pépite parue en 2010 aux Éditions Delcourt : La Parenthèse, d’Élodie Durand.

unnamed (2).jpgLa Parenthèse, c’est l’histoire d’une jeune fille d’à peine plus de vingt ans, qui va être confrontée bien trop tôt (même si de toute façon, il est toujours trop tôt dans ses cas-là) à la maladie.

La jeune fille, raconte elle-même l’histoire, parce que c’est Elodie Durand qui a pris la plume pour raconter et dessiner son parcours.

Au fil des pages, l’auteure développe son parcours, des premiers symptômes à la pose du diagnostique. Elle évoque la peur, le déni aussi beaucoup, son impuissance face à l’épilepsie (ce dont elle souffre) qui la prive de sa capacité à communiquer, à compter, à comprendre le monde qui l’entoure.66127704.gifOn la suit tout au long de l’évolution de la maladie, et c’est à la fois triste et effrayant, mais aussi sensible et très beau. Elle évoque tour à tour ses rendez-vous chez son médecin, avec des spécialistes, sa relation avec sa famille et le reste du monde.

Un parcours semé d’embûches, de peurs, d’amour et de petites victoires du quotidien.

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Toujours aux Éditions Delcourt, voici maintenant venir Come Prima par Alfred. 71FojzRGn9L

Nous sommes dans les années 60, en France. Giovanni est venu trouver son frère Fabio, pour lui annoncer la mort de leur père et lui demander par la même occasion de revenir avec lui en Italie.
Les deux frères embarquent à bord de la vieille Fiat 500 de leur paternel pour sillonner les routes vers leur village natal, que Fabio a quitté sans se retourner bien des années plus tôt.

La route sera semée d’embûches, de rencontres, de disputes, de non-dits et de vérités qui éclatent au grand jour après des années sans se voir ni se parler. Chacun a vécu sa vie, a fait son chemin, ses propres erreurs, et aujourd’hui, ils se confrontent l’un à l’autre.

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Les deux frères ont eu leurs errances, leurs victoires, leurs doutes. Come Prima c’est un road-trip qui fait tomber les murs de fierté érigés entre deux frères que tout liait et que tout à fini par éloigner.

C’est la première fois que je lisais une BD d’Alfred, et j’ai beaucoup aimé son écriture comme son coup de crayon. Le dessin peut paraître dur mais il s’en dégage beaucoup de sensibilité et de justesse. Les émotions des deux protagonistes sont à fleur de peau et on perçoit très vite leurs douleurs respectives.

Une histoire familiale sur fond de fin de Seconde Guerre Mondiale qui se découvre avec plaisir et tendresse.

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On termine avec ma dernière découverte en date : toujours un peu d’Alfred, toujours aux Éditions Delcourt : Pourquoi j’ai tué Pierre, d’Olivier Ka.

unnamed (3)Pourquoi j’ai tué Pierre, c’est un pan de l’histoire d’Olivier, l’auteur.

Olivier a grandi dans les années 70, entouré de ses parents babas-cool et de leurs amis hippies. Il a toujours été habitué à évoluer en communauté, à être entourés d’adultes libérés et libertaires.
En parallèle, il a aussi passé beaucoup de temps avec ses grands-parents, plutôt rigides et très croyants. Le jeune garçon s’est forgé sa personnalité en voguant entre ces deux univers.

Dès son plus jeune âge et jusqu’à ses 16-17 ans, Olivier part pour un mois dans une colo gérée par un curé, Pierre.
Pierre est un gros nounours, il joue de la guitare, il sourit tout le temps, il donne depourquoi-j-ai-tue-pierre1.jpg l’importance à chacun et pousse Olivier à prendre confiance en lui. Pierre, c’est l’ami d’Olivier, et le garçon lui rend bien. Et puis un jour, la confiance est brisée.

Olivier Ka livre ici un récit très intime, sublimé par le dessin d’Alfred. Sans voyeurisme inutile et avec beaucoup de justesse, il retrace l’histoire de ce petit garçon devenu grand, au parcours singulier et inspirant. Pourquoi j’ai tué Pierre, c’est l’histoire de son histoire, dans laquelle il retrace et explique les chemins par lesquels il a dû passer pour pouvoir la raconter.

Outre la puissance du récit en lui-même, j’ai eu une tendresse particulière pour la relation entre Olivier Ka et Alfred. Une très belle histoire d’amitié qui transcende le texte et transpire du livre. On sent que le dessinateur a mis tout son cœur et son talent à l’ouvrage pour sublimer et retranscrire aussi fidèlement que possible l’histoire de son ami.

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Je n’ai pas une grande connaissance de l’essor qu’a pu prendre la bande dessinée ces dernières années donc je n’ai aucune idée de la portée qu’ont pu avoir ces trois-là. Je trouve en tout cas qu’elles gagnent à être connues et découvertes par le plus grand nombre.

Bonnes lectures !

Le Joli

16 réflexions au sujet de “Instants BD”

    1. Avec grand plaisir ! Je commence tout juste à me plonger de manière plus approfondie dans les BD et les romans graphiques (et je ne suis pas contre quelques conseils de lectures …!) 🙂

      J’aime

    1. Aaaah j’attendais justement de voir si tu allais réagir parce que je suis assidûment tes « Dans ma bédéthèque » et je me demandais justement si tu connaissais ces trois-là 🙂 ! Je compte me pencher vraiment plus sur les BD dorénavant, donc tu devrais me voir chroniquer à nouveau bientôt 🙂
      Merci pour ton petit mot en tout cas !

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    1. Merci beaucoup héhé 🙂 ! En fait, comme je le disais plus haut, je me lance tout juste dans les lectures BD et je ne me sentais pas capable de faire des analyses hyper poussées dans un premier temps donc je me suis dit que tout réunir était une bonne alternative.
      Come Prima est mon préféré de la liste, même si j’ai beaucoup aimé les trois 🙂
      As-tu des conseils de lecture à me donner ?

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      1. Oui, et puis c’est un format agréable aussi. Je l’utilise aussi pour les petits livres où je n’ai pas forcément trois mille trucs à dire.
        En BD ? Oui, bien sûr, mais je ne sais pas trop tes goûts. Voyons, en regardant ma bibliothèque, je suis obligée de te citer Manu Larcenet (Blast, Le combat ordinaire), auteur et dessinateur que j’adore. Sinon, il y a aussi Couleur de peau : miel, de Jung. Le diptyque Abélard aussi ! ♥ Tous ceux-là sont chroniqués sur le blog si tu veux en savoir plus. Sinon, je n’ai jamais parlé (ce qui sera peut-être corrigé un de ces jours) de Fun Home d’Alison Bechdel, Trop n’est pas assez de Ulli Lust, Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, qui sont des BD que j’adore. En fait, je ne sais pas, je pourrais t’en citer plein ! ^^

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        1. Alors je suis justement allée sur ton blog hier et j’ai vu que tu avais une catégorie BD dooonc j’ai jeté un oeil vite fait mais je vais me pencher plus sérieusement sur la question aujourd’hui héhé 😉

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  1. Belle sélection ! J’ai adoré les deux premières.
    Toujours pas lu « Pourquoi j’ai tué Pierre » par contre. Jusqu’ici elle ne m’emballe pas plus que ça. Mais ta petite chronique pourrait bien me faire changer d’envie !

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