Cinéma

Freddie dit « Bohemian Rhapsody »

Quand j’ai décidé d’aller voir Bohemian Rhapsody au cinéma, il m’a fallu assez peu de temps pour réaliser que, peu importait vraiment la qualité du film, j’allais logiquement, en tant que personne aimant Queen (en tant que personne normale donc), passer un bon moment.

Mais qu’en est-il vraiment ?

Effectivement, dans un premier temps, il serait assez ridicule de cacher l’idée que pour apprécier Bohemian Rhapsody, il faut s’intéresser un minimum, de près ou de loin, à la team Queen. Que vous soyez fan inconditionnel ou tout jeune amateur de ce groupe mythique, musicien calé techniquement ou amoureux de la musique de manière générale, le film vous parlera. Il a cet effet immédiat de vous donner envie de battre le rythme, de gigoter sur votre siège, de donner tout ce que vous avez pour vivre avec eux, de chanter par cœur tous leurs (très nombreux) tubes !

BOHEMIAN RHAPSODYPour ceux qui, comme moi, avait un peu peur de voir prendre vie le dentier de Freddie Mercury dans la bouche de Rami Malek, soyez rassurés, on parvient presque à l’oublier. La performance est évidemment au rendez-vous, sans trop en faire, l’acteur incarne et incarne bien. Les autres Brian May, Robert Taylor et John Deacon sont merveilleusement bien campés et, j’ignore si c’est grâce à la présence des vrais Brian May et Robert Taylor au générique, mais la ressemblance avec leur incarnation filmique est frappante. Souci du détail oblige, les représentations des décors, des costumes et des concerts sont parfaites. On s’immerge pendant 2h dans leur monde, comme si on y était, c’est monumental et on aime tellement ça.

Alors leur monde… Leur monde circulera sur les rails de la vie de Freddie Mercury, mais sa vie dépendant essentiellement de celle du groupe, on obtient l’histoire entremêlée de ces quatre hommes, de leurs créations et de la naissance d’une légende. Le film se BOHEMIAN RHAPSODYdécoupe, à mon sens, en deux parties. La première, plus humaine, verra la rencontre de Farrokh Bulsara (Freddie Mercury en devenir) et de ces musiciens, de la construction des morceaux mythiques, de façon naturelle et précise à la fois. La puissance de leur talent mélangés, de leurs idées novatrices, de leur décalage, de leur humour et de leur ouverture d’esprit, donne à cette première moitié un rendu filmiquement très réussi. La mise en scène est dynamique. La séquence d’introduction (accessoirement nommée « générique ») est réalisée avec maîtrise et donne toute sa place, toute sa force à la musique. Malgré quelques effets de montage un peu kitschou sur certains détails, on peut féliciter Brian Singer, qui s’en sort pas mal à la réalisation d’un tel morceau, légèrement plus subtil que ces autres titres (Superman, Walkyrie et à peu près tous les X-Men) !

Dans la seconde partie, – loin de moi l’idée de descendre le film à partir de maintenant – on va plonger tout comme Freddie Mercury, dans sa dépression, dans son quotidien foncièrement seul et dans ses ressentis. Être attachant, par son génie et sa sensibilité, il va vivre pleinement le succès, et en payer les frais. Son humanité lui jouera des tours, accordant de l’importance à de mauvaises fréquentations et jouant la diva avec ses proches. A cet instant, je trouve qu’on s’éloigne un peu du groupe, qu’on observe un Freddie orgueilleux et qu’on ne nous offre pas assez d’explications. J’aurais aimé des instants plus intimistes à ce sujet, nous démontrant que cette mauvaise gestion du succès était due à un mal-être profond. Attention, c’est évidemment abordé (mais j’en attendais un chouia plus), et on verra Freddie Mercury, à l’annonce de sa maladie, reprendre le droit chemin de la musique, entouré des vraies et bonnes personnes.

Le film, tout en la mentionnant, ne nous montrera rien de la vie sexuelle agitée du chanteur. Librement et simplement, le sujet sera évoqué de façon presque anodine par moment, plaçant la sexualité bien loin des cases uniques de l’époque. Fonctionnant aux coups de cœur, suivant son instinct, on se placera essentiellement dans les émotions de Freddie Mercury, et en ça, le film est une réussite. Il ne tombera pas dans le cliché, ni dans la facilité, et ira toujours dans le sens de la musique, dans ce qui faisait vibrer cet artiste hors norme et ce groupe.

Alors si Bohemian Rhapsody ne bénéficie pas d’une mise en scène parfaite, le film et son montage font le job. Revivre les années 70-80 de cette manière est un petit tour de force et je tiens à souligner la bonne utilisation des nombreux dollars investis par la production ici. Merci de permettre aux spectateurs de véritablement replonger dans cet univers mythique et d’enchanter nos oreilles avec la si durable qualité musicale, jusqu’ici jamais égalée, signée Queen.

Il n’est pas dans mon habitude de conseiller les films qui n’ont pas, ou peu, besoin de notre aide pour faire venir un public, mais ce serait bien dommage de louper Bohemian Rhapsody et l’immense monsieur qu’était Freddie Mercury.

La Moustache.

Bohemian Rhapsody de Brian Singer – Sortie le 31 octobre 2018queen-trailer-oficial.jpg

18 réflexions au sujet de “Freddie dit « Bohemian Rhapsody »”

  1. Ouch ! Cet article est superbe et rend parfaitement hommage à ce long métrage que j’ai adoré. Les sonorités de Queen qui résonnent dans celui-ci sont superbes, et même si ce n’est pas une véritable découverte, il y a quelque chose de différent à les écouter dans une salle obscure selon moi. Au fond, je reconnais certains défauts du long métrage mais ma sensibilité ne me rend plus très objective. L’histoire est magnifique, injuste et bouleversante !

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    1. Absolument, même si on connait bien Queen, avec ce film on a cette sensation de vivre avec eux l’espace de 2h et ça nous embarque dans tout autre chose, on a l’impression qu’ils nous sont familiers et on ne veut plus les quitter. On ne peut qu’être triste que le film, comme la vie de Freddie Mercury, ait une fin…
      En tout cas, merci pour ton commentaire qui me touche beaucoup!

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      1. C’est vraiment ce que j’ai ressenti oui, et comme je le dis dans mon propre article, le sentiment de frustration est immense à la fin. Le fait de ne pas pouvoir les découvrir sur scène, de ne pas pouvoir prolonger cette relation presque intime avec l’artiste…

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    1. Complètement d’accord avec toi! Je culpabilisais presque en soulignant certains « mauvais » points en écrivant mon article, je ne voulais surtout pas que ça entache la bonne ambiance dans laquelle le film nous emmène!

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  2. Bien vu l’article ! 👍😉
    Rami Malek est vraiment le bon passage vers Freddie Mercury …
    Ça m’inquiétait pourtant quand j’ai vu les bandes annonces du film !
    Son image est certes un peu perturbante au début mais on oublie vite l’acteur pour rejoindre Freddie dont il s’approprie vraiment la gestuelle.
    Une illusion de réalité bien aidée par un « Brian May » plus vrai que le vrai … 😳
    La bande son au top bien sûr (j’ai du freiner mes battements de rythme pour ne pas gener ma voisine) mais j’ai surtout apprecié qu’on ait a aucun moment une autre musique. Une façon de renforcer les dialogues (avec des silences lourds de sens) et la musique du groupe.
    Les montages au sein des images réelles (concert Live Aid) sont top !

    Sinon j’ai regretté l’absence de Jean Paul Rouve en Polnareff mais avec le recul je pense que ça n’aurait rien apporté au film … 😂

    Un bon complément à ce film le documentaire : Freddie Mercury The great pretender (encore visible sur Arte en ce moment)

    We will, we will rock you …

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    1. Ahah je me suis au départ demandée quelle serait la suite de la phrase après « Jean Paul Rouve »….puis j’ai ri 🙂 !
      Je suis totalement d’accord avec toi sur la gestion du son et de la bande son, tout est assez fait justement, ni trop ni pas assez. Moi aussi, j’ai eu vraiment peur en voyant la bande annonce concernant Rami Malek, j’avais peur qu’il soit trop raide pour la gestuelle hyper flex et dynamique de Freddie Mercury justement (ajouté au fait que je trouvais ce dentier démesuré par rapport à son visage et en comparaison du vrai!) mais finalement tout se goupille bien et on se laisse embarquer tellement naturellement! Même si j’ai des petites choses à dire sur la mise en scène, je trouve que l’ensemble est réellement bien ficelé!
      Autrement concernant le rythme et la gêne des voisins, je te rassure, j’ai entendu énormément de gens taper du pieds, claquer des doigts ou chanter dans la séance où j’étais. Ainsi je t’annonce que tu n’es pas seul 😀 !

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    1. Mais ouiiii, en sortant de la salle, je me suis enchaînée du Queen pendant des jours non stop, ça ne fait que renforcer la fan attitude :)!
      Je ne peux rien dire sur la VF j’avoue l’avoir vu en VOSTF, mais c’est vrai que les reconstitutions des concerts sont impressionnantes!

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  3. Coucou ! Ton article est super bien rédigé et très complet, je ne vois pas grand chose à rajouter si ce n’est que j’ai, moi aussi, adoré ce film ! En revanche je lisais l’article d’une blogueuse il y a quelques minutes qui a aimé le film sans pour autant trop aimé Queen. Enfin elle a l’air d’expliquer qu’elle n’était pas spécialement attiré par leur musique (oui je sais, c’est bizarre) mais qu’elle a aimé le film, ouf ! 😀
    En tout cas, je suis ravie que le film et l’acteur ait été récompensés aux Oscars 🙂

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    1. Je pense que ce film a la magie de fédérer les gens, je trouve ça génial 🙂 ! C’est vrai que j’ai du mal à imaginer quelqu’un qui n’aime pas du tout Queen mais c’est vrai que dans tous les cas, le film embarque d’une telle force qu’on ne peut pas lutter 🙂 !
      Pareil pour les Oscars, je trouve que c’est bien mérité, le film a tout pour plaire!
      Je suis contente que tu l’aies adoré aussi!!

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