Littérature

Dysfonctionnelle

Pour continuer sur ma lancée des très très chouettes découvertes de janvier, me revoilà avec Dysfonctionnelle, paru aux éditions Sarbacanes, nouvelle lecture initiée par Ourse bibliophile (vous l’aurez compris, vous avez tout intérêt à fouiller régulièrement sur son blog qui regorge de bonnes idées !).

unnamed (2).jpgDysfonctionnelle, c’est l’histoire de l’incomparable Fidèle, alias Fifi (ou encore Bouboule) et de sa famille.
« Dysfonctionnelle », c’est aussi, selon les codes pré-établis par notre société, l’adjectif qui définirait  le plus cette tribu haute en couleurs.

La famille de Fifi vit Au bout du monde, le bar monté par son père et son oncle, quelque part dans Belleville.
Entre les allers-retours du chef de famille en prison, ceux de la mère à l’asile, toutes les petites et grandes tragédies dont le bar est le théâtre, il y a de quoi, au premier abord, se dire qu’effectivement, Fifi n’avait pas un cadre de vie serein pour grandir et s’épanouir. En fait, en se basant sur ces quelques éléments, on pourrait tout naturellement faire ce que la morale, la bien-pensance et Christine Boutin nous somment de faire : juger.
Juger et se dire : « Doux Jésus, quels parents indignes ! Quelle famille de ploucs ! »

Alors je n’aurai qu’une chose à vous dire :
ne faites pas cette erreur, et ouvrez ce livre ! 

En ouvrant ce livre, vous plongerez à la fois dans la vie pleine de rebondissement d’une jeune fille au caractère bien trempé, mais aussi dans l’histoire d’une famille, certes pas vraiment comme les autres, évidemment originale, et surtout joliment singulière.
En plongeant dans cette histoire, vous ferez la connaissance de personnages hauts en couleurs, uniques et touchants pour la plupart.
Vous découvrirez la rencontre de ces deux parents hors du commun à bien des égards, abîmée par la vie pour l’une, avide de bonheur et habité par la rage de vaincre et de réussite pour l’autre. De l’union de ce père Kabyle roi de la débrouille (ou presque) et de cette mère juive polonaise rescapée des camps de la mort devenue catholique, naîtront pas moins de sept enfants !
Des filles :
– Fidèle (Fifi), la narratrice, garçon manqué, dure à cuire avec un petit cœur fragile quand même, grande amoureuse du foot, des filles et du nutella.
– Dalida, celle qui donnerait absolument tout pour se barrer de là et vivre enfin la vie qu’elle est censée vivre (de préférence mariée à un homme riche).
– Maryline, militante passionnée et enflammée pour toutes les causes qui méritent un tant soit peu qu’on s’intéresse à elles.
– Alyson, belle à l’intérieur et à l’extérieur (comme les yaourts Bifidus oui), grande sensible qui tombe toujours éperdument amoureuse des mauvais garçons.
Et puis des garçons aussi : 
– Jésus, qui à l’instar d’un mec du même nom, passe ses journées à 1) évangéliser la terre entière, 2) pardonner ceux qui vivent dans le péché (autrement dit les mêmes personnes que pour le point numéro un).
– Sid-Ahmed Junior (JR pour les intimes), fameux pour ses conquêtes, ses techniques de dragues douteuses et son QI d’huître.
– et Grégo, le petit dernier (mais premier quand il s’agit de baston)

(Je vous laisserai le plaisir de découvrir l’origine de chacun de ces prénoms bien sûr)

Autour de tout ce beau monde on retrouve aussi Zaza, la grand-mère reine éternelle du couscous, l’oncle de Fifi, fervent pratiquant de « sychologie », Sarah, et bien sûr les habitués du bar (qui font presque partie intégrante de la famille).

J’ai trouvé le livre d’Axl Cendres très très bien écrit et mené, je vous mets d’ailleurs au défi de ne pas vous attacher à chacun des personnages (à part Dalida, peut-être) !
Si le récit est concentré en grande partie sur Fifi (notre narratrice donc), chaque chapitre se penche aussi sur un des membres de la famille, avec les personnalités des uns et des autres, leurs aspirations, leurs joies, leurs peines… Au bout du compte, ce n’est pas la vie d’une seule personne que vous avez sous les yeux, mais bien une énorme fresque familiale ponctuée d’épreuves, de batailles, d’échecs et de victoires.

La force de cette histoire réside, vous l’aurez compris, dans chacun de ses protagonistes et du portrait qu’en fait Axl Cendres. Ce que je retiens avant tout, c’est la puissance du lien qui unit ces êtres les uns aux autres, en dépit de tout ce qui aurait pu/peut/pourrait les séparer.
Avec ce livre, on rit, on s’émeut, on relativise et on apprend.
– On apprend sur la sychologie et son efficacité (et vous voudrez sans doute aussi avoir un nouvel oncle dans votre famille).
– On apprend sur les conséquences de l’expression « être au mauvais endroit au mauvais moment » (même si on se doute qu’elles ne sont pas top top).
– On apprend sur les liens fraternels (ceux qui donnent des ailes, ceux qui éloignent, ceux qui perdurent).
– On apprend sur l’amour (et son aspect sacré face à l’adversité et aux épreuves).
– On apprend sur la vie (et tous les détours qu’elle nous fait prendre pour arriver au terminus, en paix).
– On apprend sur la mort (ce qu’elle nous apporte, ce qu’elle éteint en nous, ce qu’elle permet de raviver).

Mon seul regret finalement, c’est de ne pas avoir découvert ce livre plus tôt tant j’ai l’impression d’en être ressortie grandie et revigorée !
Il y a dans l’histoire de la famille Benhamoud une ode à la vie, un hymne à l’amour et un immense (et souvent salvateur) doigt d’honneur à la société.

C’est drôle parce que j’ai commencé ce livre sans aucune idée de ce que j’allais y découvrir, et je l’ai refermé avec un goût de trop peu, un poil groggy et surtout droguée à cette famille et comme si maintenant, il allait me falloir ma dose de Benhamoud quotidienne….

… et je vous invite grandement à consommer de cette drogue-là !

Un livre à découvrir dès 13 ans et sans limite pour tous les âges suivants 🙂

Bonne lecture !
Le Joli

6 réflexions au sujet de “Dysfonctionnelle”

  1. J’ai absolument adoré ce livre quand je l’ai découvert il y a un peu plus d’un an. Une pépite à laquelle tu rends très bien hommage avec cet article, tout y est et je aurais pu dire mieux ! Je me souviens avoir versé quelques larmes sur ce roman. Émouvant, drôle, déluré, donnant une folle envie de vivre et une sacrée bonne humeur. Et aussi touchant, prônant la tolérance et les différentes façons d’être, et très juste sur les points LGBT. Une merveille ! Et tellement attachant, aucune envie d’en sortir quand on arrive a la fin…

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  2. Déjà, merci pour le beau compliment qui ouvre ta chronique, ça me touche beaucoup !
    Ensuite, ta chronique est juste fantastique ! Tu en parles merveilleusement bien, tu soulignes tous les points qui rendent ce livre aussi génial et juste et touchant, tu résumes parfaitement l’effet addictif de cette histoire. Bref, sublime article !

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