Littérature

Au fond du Puits d’Iván Repila

Oyez, Oyez, c’est le retour du Joli & des lectures qui déménagent ! 

J’ai découvert tout récemment le livre d’Iván Repila lors d’une séance de lecture à voix haute (une autre très belle manière de découvrir et entendre l’écriture d’un auteur). Un livre à la fois tout petit par la taille, avec ses 128 pages, mais aussi immensément grand par la densité et la force du récit.

Alors quid de ce récit justement ?

51713W0SRXL._SX336_BO1,204,203,200_Vous voilà au fond d’un puits, au milieu d’une forêt, quelque part. Dans Le puits, dans ce puits, il y a deux frères. Le Grand, et Le Petit. On ne connaît pas leur âge, mais on les imagine vite pas bien vieux. Ils ne sont pas ici depuis très longtemps. Quelques minutes, quelques heures peut-être ? Ils voudraient s’échapper, ils tentent de le faire évidemment, mais ils n’y parviennent pas.
Alors commence très vite une survie de tous les instants : ensemble ils font face à la faim, à la soif, au froid, à la pluie, aux heures en plein soleil, aux loups qu’ils entendent rôder pas très loin, à quelques mètres au dessus de leurs têtes et qui se lèchent les babines.
Et puis bientôt, même les loups ne viennent plus. L’odeur n’est plus si ragoutante. Seules restent les désormais fidèles compagnonnes des deux garçons : la solitude, la colère, la folie, la pestilence, la maladie. Et pour remplacer les loups, c’est la Mort elle-même qui rôde à présent.

Mais ce qui résiste à tout, au fond de ce puits, c’est l’amour des deux enfants l’un pour l’autre. Cet amour qui passe toutes les épreuves, qui essuie toutes les tempêtes, qui panse tous les maux et qui oublie tous les mots, ceux qu’on prononce quand le désespoir et la folie ont pris toute la place dans les cœurs et dans les têtes.

Iván Repila, traduit tout en finesse et avec beaucoup de talent par Margot Nguyen Béraud, livre une écriture précise, ciselée et donne à lire (et à entendre !) un récit fort et percutant. Chaque stade de la captivité des deux frères est décrit et décrypté, étudié dans les moindres recoins de l’âme des protagonistes.

Il y a dans cette histoire autant de brutalité que de douceur, autant de violence que d’amour autant d’horreur que de poésie, autant de pleurs que de rires, et un nombre incalculable de moments de (dés)espoir.
Beaucoup d’éléments qui tour à tour nous bouleversent, nous choquent, nous questionnent, nous énervent, nous décontenancent, nous effraient. Il y a surtout ces deux frères, livrés à eux-même, qu’on ne connaît que par ces mots, « Le Grand » et « Le Petit ». C’est peu. Et pourtant, tout réside là dessus. Tout part de là.
C’est très frustrant de ne pas réussir à mettre les mots exacts sur mon ressenti face à cette lecture. L’enfant qui sommeille en nous est aussi terrifié que ceux de l’histoire. Les mots de l’auteur réveillent des peurs profondes autant qu’ils abordent avec beaucoup de finesse des sujets très variés, qu’ils soient de l’ordre de l’instinct primaire ou des questions métaphysiques. Le Grand et le Petit évoluent sous nos yeux, luttent pour leur  survie. On est spectateur et pourtant le sentiment d’être avec eux au fond de ce trou, ce sentiment d’être un peu nous-même acteur, d’être nous même prisonnier, ne nous quitte pas.

Le Puits est une ode à l’amour fraternel, une ode à la survie, à la capacité qu’a l’humain de s’accrocher à la vie. C’est aussi une plongée dans le noir. Le noir de l’âme, le noir de la solitude, le noir de la folie….

… et puis tout à coup, la lumière.

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