Littérature

La Mort est une femme comme les autres

Voilà une lecture bien chouette !

Grâce à un généreux prêt de l’amie Ourse Bibliophile, j’ai eu la bonne surprise de découvrir l’écriture de Marie Pavlenko dans son livre La Mort est une femme comme les autres.
unnamed (6)Après la lecture éprouvante qu’avait été l’Empreinte, j’avais envie de lire quelque chose de plutôt joyeux. Du coup vous vous dites présentement que vu le titre j’étais un peu à côté de mes pompes…MÉPRENEZ-VOUS !

« Alors, de quoi ça s’agit ? »
(comme dirait l’autre)

Le livre s’ouvre sur une scène plutôt banale, quoique triste. Une femme assiste sa mère mourante dans ses derniers instants… mais au bout de quelques minutes de « suspense » (peut-on employer ce mot quand il s’agit de l’ultime souffle d’une personne, pas sûre, m’enfin…), ben mamie est toujours là ! Oui parce qu’au même moment, la Mort a décidé, de son côté, de déposer les armes. La Mort c’est Emm, et on la retrouve dans l’appartement d’un homme suicidé qu’elle est venue chercher. Un de plus parmi tant d’autres. Un de trop. Emm n’en peut plus, elle est épuisée. Et tout ce que sa seule amie, sa compagne de route, la Faux, lui dit n’y change rien : elle est incapable de bouger.

Le burn out, le mal de notre société ! C’est déjà pas un truc hyper foufou à gérer en tant qu’être humain, alors quand c’est la Mort elle-même qui est concernée, les conséquences sont disons-le, encore plus compliquées !

Hé oui, imaginez que plus personne ne meure ! À première vue, on serait plus ou moins tous susceptibles d’être heureux à l’annonce de cette nouvelle. Au moins parce qu’on ne perdrait plus nos proches et aussi parce qu’on n’aurait plus peur de cette fin tant redoutée. Oui sauf qu’en fait, dans cette histoire, la démission d’Emm n’est pas synonyme de bonheur éternel. Si la mort n’existe plus, la douleur, la maladie, les blessures, sont encore bel et bien là ! (Vous le voyez venir le gros bordel ?).

Donc notre petite mamie du début, elle est encore là certes, mais elle ne pète pas vraiment la forme non plus. Très rapidement, elle est loin d’être la seule dans cet état. Et Anatole, l’un des médecins du service des soins palliatifs de l’hôpital, n’y comprend absolument rien. Jour après jour, quitte à passer ses nuits au travail, il aura beau tout essayer : les méthodes douces ou d’autres – sous la pression du directeur – un poil plus discutables n’y feront rien, il ne perd plus aucun patient. (Mais bon l’avantage c’est que pendant ce temps-là, ce presque-Tanguy n’a plus sa mère sur le dos !)
Au même moment, dans un autre service, Suzie, jeune trentenaire, apprends que ce qu’elle pensait être des crampes abdominales sont en fait la manifestation d’un cancer du pancréas qui la ronge de l’intérieur. Annonce plutôt bof quand on est quasiment à l’aube de sa vie, vous en conviendrez. Annonce qui va plonger Suzie dans un profond désarroi (évidemment) et l’inciter à s’enfermer chez elle pour attendre la Mort (ou en tout cas pour déprimer sérieusement).

Trois personnages au pied du mur.
Trois personnages malheureux.
Trois personnages que la vie va évidemment réunir, et foncièrement transformer.

Comme je le disais plus haut, je ne connaissais pas l’écriture de Marie Pavlenko et j’avoue que je suis très contente d’avoir pu la découvrir à travers ce livre.
C’est un récit qui ne se déroule que sur quelques jours. Tout va très vite et en même temps, l’écrivaine prend le temps de présenter chacun des trois personnages, leur histoire, leur psychologie et également de les lier les uns aux autres.
J’ai surtout aimé sa manière de « désacraliser » l’image qu’on peut avoir de la Mort, la manière dont elle a toujours été représentée, corps décharné vêtu d’une sombre cape guettant toutes les âmes de ce monde avec sa faux prête à s’abattre. Emm est, comme l’indique ce titre si bien trouvé, une femme comme les autres. Réduite à sa fonction et après des millénaires à intérioriser le rôle qu’on lui a attribué, c’en est trop. J’ai aimé la manière dont ce personnage « intouchable » va petit à petit accepter sa vulnérabilité sans la considérer comme une faiblesse. Et puis, quel caractère !

Si ma préférence va à Emm, j’espère sincèrement que vous aurez l’occasion d’ouvrir ce livre à votre tour et faire également la connaissance de Suzie et Anatole à qui vous vous attacherez sûrement tout autant. Car ce que je retiendrai du livre de Marie Pavlenko,  c’est l’humanité qui transpire de chacun de ses personnages, avec tout ce que cela comporte de qualités, de défauts, de blessures et d’espérance. Une lecture toute en simplicité qui fait du bien !

Le Joli

 

 

 

 

16 réflexions au sujet de “La Mort est une femme comme les autres”

    1. Ahahah si je te donne envie de relire tes propres livres c’est que j’ai bien fait mon boulot alors 😀 ! Merci encore vraiment, j’ai adoré cette lecture (et j’ai ouvert un autre de tes livres mais je te dis ça très vite dans un mail !)

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    1. Ah chouette ! Je suis vraiment contente que tu aies ce ressenti à la lecture de ma chronique parce que vraiment je pense que ce petit bouquin mérite d’être découvert ! Tu me donneras ton avis une fois que tu l’auras lu à ton tour ? 🙂

      Aimé par 1 personne

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